CHAPITRE 1 : L'île de la Haine
Hyrule était en guerre.
Non, pas un léger conflit entre zoras et gorons, qui se finissaient souvent autour du feu à chanter des chansons.
Non.
Hyrule menaçait de sombrer dans un chaos inhumain. Les nombreuses personnes désireuses de s'emparer de la Triforce et du pouvoir royal depuis l'avènement du Saint Royaume s'étaient désormais unies dans le but de réussir enfin à gouverner Hyrule à jamais.
Chaque jour, de gigantesques armées sorties de nulle part déferlaient sur le château d'Hyrule désormais trop faible pour repousser un siège supplémentaire. Les gorons et zoras avaient également le conflit à leur porte, et les Gerudos s'étaient faites trahir par leur ancien roi, Ganondorf. De toute façons, ces dernières auraient refusés d'aider des peuples contre lesquels elles luttaient depuis si longtemps.
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Le visage couvert de poussière, les habitants de la cité d'Hyrule n'étaient pas beaux à voir. L'œil cerné, la mine inquiète, le peuple avait cessé d'émettre son joyeux brouhaha commun à la Place du Marché et allaient acheter des armes pour sauver leurs vies.
Au milieu de la foule angoissée, Link examinait une épée bon marché en compagnie de la princesse Zelda. Cette dernière n'osait plus quitter sa lame, et c'est avec difficulté qu'elle réussit à convaincre son père de la laisser accompagner Link aujourd'hui. La poussière qui obscurcissait son visage ne réussissait pas à dissimuler la beauté de ses traits crispés. Sa silhouette svelte était encore marquée par la bataille de la veille, de nombreuses égratignures barraient sa robe salie par le souffre du feu d'un long trait sanglant. Malgré son piteux état, elle continuait de conserver un sang-froid incroyable et elle émanait une telle puissance royale que la figure des citadins s'éclairaient un peu en la voyant passer.
Le jeune homme qui l'accompagnait devait approcher ses dix-sept ans, tout comme la fille du roi. Tout vêtu de vert, il était blond et était d'une carrure respectable, sans être excessive. Dans son dos, un bouclier orné de la Triforce était légèrement abimé, comme consumé par le souffre. Pour l'instant, son attention était focalisé sur la lame grossie qu'il tenait entre les mains. Avec un petit soupir d'agacement, il compara l'épée dans sa main avec celle qui était accrochée à sa ceinture : contrairement à l'autre, elle était polie à l'extrême et semblait aisément maniable. Link reposa l'objet qu'il avait pris et osa jeter un discret coup d'œil à la princesse avant de reprendre ses recherches.
Soudain, sa vision se brouilla et il tituba, prêt à basculer en arrière. Il fut retenu par Zelda et par une autre femme qui passait. Cette dernière demanda d'une voix inquiète:
- Est-ce que ça va ?
Link n'eut pas le temps de répondre.
Tous trois avaient disparus en un éclair.
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Debout sur une colline, Vaati scrutait l'horizon de ses deux yeux couleur sang. Ses cheveux blancs parsemés de reflets violets lui fouettaient le visage, mais il s'en fichait. Il désirait voir comment le château d'Hyrule organisait sa défense.
En tant que général de l'armée que Ganondorf lui avait confié, il désirait établir à l'avance diverses stratégies concernant l'offensive finale qu'il était sûr de remporter.
Venir ici seul ne lui faisait pas vraiment peur, car il ne doutait pas un instant de ses pouvoirs. La seule personne capable de lui résister était Ganondorf.
Cela le faisait bouillir d'être obligé d'être son inférieur, mais il savait que cela allait vite changer.
Il n'eut pas le temps de concocter un autre plan diabolique.
Il avait disparu.
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A mille kilomètres de là, dans une taverne miteuse, deux hommes étaient en train de discuter autour d'une table crasseuse. Le premier, d'un âge indéfini était détestable au premier coup d'œil. Vêtu d'un ample manteau bleu marine, il arborait une crinière brune ébouriffée et deux yeux verts cernés, une petite barbichette qui lui donnait un air snob. Cet homme se nommait Linebeck.
De l'autre côté, sur la table était installée la créature la plus improbable qui soit : un croisement incertain entre un chapeau vert et un canard. Cette chose, un ancien sage minish transformé par le noir Vaati, s'appelait Exelo.
Alors que Linebeck approchait sa chope de sa bouche, le canard se mit à se tortiller en tout sens. Levant un sourcil, le marin arrêta son geste, puis le reprit, comme lassé de son compagnon.
Il n'eut jamais le loisir de goûter au liquide infect, spécialité de la taverne.
Ils avaient disparu.
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Sur le Mont du Péril, le volcan en éruption crachait inlassablement de la lave sur les deux factions : les gorons s'opposaient à l'armée du vil Ganondorf.
Celui-ci combattait sous la cendre ardente avec le goron héritier de Darunia. Tous deux échangeaient coups de poings et d'épées.
D'un coup, ils furent tirés en arrière.
Ils avaient disparus.
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Dans le domaine zora, la princesse Ruto discutait avec une jeune fille rousse, venant s'abriter dans cette zone presque calme depuis la récente victoire du peuple aquatique.
Cette jeune fille d'environ seize ans se nommait Malon. Toutes deux débattaient à grands coups d'arguments sur le fait d'aller porter ou non secours aux hyliens.
Le père de la princesse frappa à la porte et entra.
La chambre était vide.
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Au large, une jeune femme à la peau très mate, après avoir glapit quelques ordres aux marins sous ses ordres, était entrée dans sa cabine.
Elle referma la porte et se dirigea vers son miroir. Approchant ses 25 ans, elle offrait un visage fin, deux yeux verts et de longs cheveux noirs qu'elle avait noués en une haute queue de cheval. Elle jeta un regard critique sur son reflet et se jeta sur son matelas.
Allongée sur le dos, elle repensa au bonheur qu'elle avait cru frôler, à la haine, l'humiliation, et la tristesse qui l'avait saisie face à l'illusion de l'amour.
Une larme coula. Elle glissa sur sa joue, et tomba vers le sol.
Quand elle se brisa, Jolène s'était volatilisée.
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Le calme du lieu fut brisé par l'arrivée bruyante de onze personnes apparues au même endroit.
Après de nombreuses injonctions incompréhensibles, chacun roula sur le côté, puis finit par se relever.
Jolène regarda autour d'elle, intriguée, tout en se relevant, alors que les autres faisaient de même.
Elle était arrivée sur une plage paradisiaque, sous un soleil torride et marchait sur du sable chaud. Un océan tropical bleu turquoise s'étendait devant elle à perte de vue.
C'est alors qu'elle vit Linebeck.
Dans un élan de rage incontrôlé, elle saisit son sabre et se jeta à sa poursuite.
Ce dernier, d'abord tremblant, pris les jambes à son cou sans chercher à comprendre ce qu'ils faisaient tous les deux ici.
Link, lui, avait aperçu Ganondorf et s'était jeté dessus en hurlant. Le Seigneur du Malin réussit de justesse à esquiver l'attaque qui aurait du lui être fatale et riposta, en envoyant du sable dans les yeux de tout le monde.
De son côté, Malon avait délibérément provoqué Zelda à cause du héros du temps, et toutes deux roulaient au sol en se mordant et en se tirant les cheveux.
Exelo, lui, avait sauté à la gorge de Vaati, qui entreprenait de l'étrangler pendant que l'oiseau lui mordait l'oreille.
Ruto, ayant volontairement crié sur Holgoron à cause de l'aide qu'ils avaient promis à son peuple et qu'ils attendaient toujours, non mais ho sans blague ! Ce dernier avait répondu en lui sautant dessus et en l'écrasant sous son poids de colosse pendant que la princesse des Zoras le fouettait avec les palmes de ses pieds.
Soudain, à travers le carnage te le sable, une voix claire retentit :
- ARRÊTEZ !
Dix paires d'yeux se tournèrent alors vers le cri.
Une jeune femme d'une vingtaine d'année, avec la peau pâle, deux splendides yeux verts incroyablement brillants et de courts cheveux bruns les regardaient tous.
- Non mais regardez-vous ! De quoi avez vous l'air, à rouler par terre comme des enfant dans un bac à sable ?
En effet, la vision que le groupe offrait était plus que pathétique. Chacun détourna le regard en rougissant, apparemment gênés. Effectivement, pour des maîtres du Mal, des héros ou des princesses, cela devenait plus que stupide.
La jeune femme reprit :
- J'ai vu quelque chose d'inquiétant. Regardez.
D'un geste de la main, elle désigna le ciel qui s'élevait au dessus de l'océan.
Tout le monde regarda dans la direction donnée. Après analyse, Linebeck s'écria d'une voix faible :
- C'est... Une tempête ! Et pas une petite ! Il faut se barrer !
Vaati s'exclama alors, après avoir décroché Exelo de son oreille douloureuse :
- En tant que Mage du Vent, je devrais être capable d'arrêter cet ouragan.
Il mit la main devant lui et ferma les yeux, pendant que le groupe retint son souffle.
Une lueur mauve apparut devant lui, grandissant, comme pour englober la tempête à venir.
Soudain, le prince des Ténèbres bascula en arrière comme si la lumière l'avait repoussé. Ganondorf, après avoir ricané, accompagné d'Exelo, tendit la main à son collègue pour qu'il se relève, la mine préoccupée :
- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, c'est comme si une magie plus grande avait englobé mon sort.
On pouvait lire dans ses yeux rouges une colère et une humiliation certaine, qui fit redoubler les gloussements d'Exelo.
Vaati, après lui avoir lançé une pierre pour qu'il se taise, alla s'assoir dans un coin, visiblement furieux. Linebeck, après avoir longuement observé l'inconnue, reprit avec affolement :
- Il faut se planquer, ou la tempête va nous broyer !
Link, d'une voix contrôlée, reprit alors :
- On doit vite trouver un refuge.
Après l'accord de tous, l'exploration commença, d'abord sur la plage, puis en s'enfonçant à l'intérieur des terres. La végétation était principalement composée de conifères et d'arbres tropicaux, d'herbes et de mousse. Finalement, alors que la houle commençait déjà à se lever, Malon signala une grotte sous la surface de la terre, et un gros rocher pouvant boucher l'entrée. Avec l'effort de tout le monde, la grotte fut fermée alors que la tempête éclatait dehors.
La nuit tomba, et tout le monde s'endormit comme il put, au milieu des insectes et des rochers.
Chapitre 2 prochainement...