Ennui total...

Les vagues s'écrasaient depuis toujours sur les rochers et à jamais l'écume éclabousserait les falaises dans une audace toujours plus grande.
Les mouettes jouaient avec leur vie, redoublant de courage face aux crêtes de la houle. Un torrent d'air marin s'engouffra dans la fenêtre où se tenait une ravissante jeune femme rousse avec deux yeux verts en amande.

Cette dernière soupira en pensant à cette île. Kaji avait besoin d'une journée de repos, et la belle voyante Astrid ne savait que faire. Personne ne venait jamais sur ce volcan, et, parfois, elle aurait voulu partir à l'aventure, mais elle avait dédié sa vie aux autres.

Elle soupira de nouveau, son éternel sourire suspendu aux lèvres.

Elle ne vit pas tout de suite l'oiseau qui s'était posé sur le rebord de sa fenêtre : un peu plus gros qu'une mouette, le plumage blanc et noir, c'était incontestablement un albatros, et plutôt imposant. Il lui lança un regard curieux et tenta de déplier ses larges ailes pour prendre son envol.
Malheureusement, la fenêtre trop étroite le brisa dans son élan. L'air mécontent, il se dégagea de cet étau trop serré et, produisant un fracas épouvantable, atterrit en catastrophe sur la table qui supportait la boule de cristal, faisant valdinguer le large tissu de soie parme et les vieux parchemins qui attendaient d'être traduits.

Quand elle se rendit compte du carnage créé, Astrid eut un petit pincement au cœur pour ses parchemins déchirés avant de voler au secours de l'animal. Elle le prit entre ses doigts ciselés et murmura une phrase étrange pour guérir l'animal. Puis elle le lâcha.

[J'étais pas blessée ! geek

]

L'albatros se dégagea doucement des mains de la voyante et la regarda d'un oeil rond ou brillait une lueur mordorée. Autour de lui, les parchemins éparpillés n'étaient pas tous abîmés ; un seul était vraiment en piteux état, déchiré dans toutes sa longueur, tandis que les autres étaient simplement cornés ou bien poussiéreux parce que tombés sous des meubles rarement entretenus.
La boule de cristal, quand a elle, avait roulé sur le sol sans se briser. L'oiseau la regarda d'un oeil appréciateur. Les véritables instruments d'avenir étaient généralement incassables, inusables, inaltérables ; cela lui confirmait qu'il avait bien fait de venir ici.

Il plongea son regard dans celui d'Astrid.

Je suis un fils du Roi des Mers. Je suis venu te raconter une histoire...

L'expression de surprise qui apparut sur le visage de la jeune femme fit comprendre à l'albatros que son message était bien arrivé.

Astrid fut d'abord surprise, puis soupira en souriant.
- Il est vrai que Siwan n'aime pas voyager... Bienvenue.

Ah, c'est bien, je vois que tu me comprends. La plupart des humains ne sont pas assez intelligents pour ça, soupira l'albatros. Je suis Schwank, reprit-il, et ce n'est pas mon père qui m'envoie. Sache que nous sommes libres et que nous n'avons que très rarement recours à lui...

Il s'interrompit un instant.

Mais c'est quand même assez pratique, parce que ça tout de suite classe quand on annonce qu'on est le fils du Roi des Mers.

Le sourire d'Astrid s'étira davantage, laissant entrevoir des dents immaculées.
- Effectivement. Quelle est donc la raison de ta venue, Schwank ?

L'albatros hésita un instant. Pour se donner une contenance, il battit deux ou trois fois des ailes puis demanda :

Aurais-tu par le plus grand des hasards déjà entendu d'une certaine Zelda ?